Une journée pique-nique au domaine de Chamarande

Cet été n’aura pas été des plus ensoleillés du côté de la région parisienne. Malgré quelques jours de canicule, l’ensemble aura été plutôt gris, très gris. Les moins chanceux d’entre nous qui ne sont pas partis en vacances n’auront même pas remarqué que l’été était là… Je sais de quoi je parle, j’en fais partie. Mais heureusement pour moi, j’ai su profiter des quelques journées de soleil en m’organisant des petites après-midis tranquilles.

Le week end dernier, je suis notamment allé à Chamarande, en Essonne, afin de visiter le domaine et son château. Le domaine de Chamarande est en fait un grand parc avec un petit lac, des sous-bois et un château. Visiter un tel lieu en famille et par une journée de beau temps est l’occasion idéale pour pique-niquer. C’est donc ce que nous avons fait ma femme, mes enfants et moi-même.

Tout d’abord, il faut savoir que le domaine de Chamarande est entièrement gratuit ! C’est donc un vrai bon plan pour faire un pique-nique dans un endroit qui change de l’ordinaire. Lorsque vous arrivez sur place il y a un parking, gratuit donc, et gardé.

Une fois arrivés et garés, nous sommes entrés dans le domaine. La première chose que nous avons vu, c’est le château. Il n’est pas très grand, et n’a rien à voir avec les grands châteaux forts que l’on s’imagine lorsque l’on parle de château. N’empêche qu’il possède quand même ses propres douves et qu’il est loin d’être vilain. Attirés par le bâtiment, nous l’avons rejoint et admiré un moment. En faisant le tour, nous avons aperçu une échelle pour le moins étrange. En effet, cette échelle semblait immense, à taille inhumaine. Seul un géant aurait pu monter dessus.

Nous sommes restés perplexes un bon moment avant de lire un petit écriteau placé non loin de là. Nous avons pu lire la chose suivante :

Echelle1 – Philippe Ramette

« En principe, je ne réalise jamais d’œuvres spécifiquement pour un site. A Chamarande, la particularité du domaine m’a pourtant inspiré une pièce installée en extérieur : c’est une échelle en aluminium dont j’ai multiplié les proportions. Cet objet, qui fait 14 mètres de haut, est placé dans les douves et repose contre la façade extérieure du château. Le spectateur n’y a pas accès. L’effet d’optique recherché est accentué par l’espace qui permet le recul et un point de vue éloigné. Ce projet mise sur un effet visuel simple qui fait apparaître le château plus petit qu’il n’est en réalité. »

Il s’agissait donc en fait d’une œuvre d’art ! Une œuvre dont le but est de créer une illusion d’optique, nous donnant l’impression que le château est tout petit, puisqu’une simple échelle permet de monter au sommet.

L’échelle est la première œuvre que nous avons vu, mais pas la dernière. De fait, le domaine est un repère de nombreux artistes et de leurs œuvres. Pour l’anecdote, j’ai connu le domaine de Chamarande au travers d’un prospectus, je ne savais donc pas cela avant de m’y rendre avec ma famille. Une belle surprise en somme, puisque cela permet de se cultiver tout en se promenant sur les chemins du domaine.

Après avoir observé le château sous toutes ses coutures, nous avons été directement du côté du petit lac. Sur le chemin, nous avons encore croisé le chemin d’une œuvre d’art. A première vue, elle ressemblait plus à des bancs ordinaires qu’autre chose, mais en fait, ces bancs n’étaient pas banales.

Le troisième système – Bert Theis

« Le projet du troisième système propose l’implantation de trois modules en bois blanc dans le paysage du domaine. La forme des modules est élémentaire, voire archétypale. Deux lignes se croisent pour devenir un X ou une croix. Ce signe est ambivalent : utilisé aussi bien pour marquer que rayer des contenus. Photographiées par un satellite, les croix blanches apparaitront comme des repères cartographiques d’une grille fragmentée. La forme et le positionnement reprennent les proportions du troisième système imaginé par Le Corbusier en 1922. Les mesures horizontales et verticales des tours ont été redimensionnées à une échelle humaine, de manière à les transformer en une sorte de plateforme ou de grands bancs. »

Les bancs étaient blindés, nous avons donc continué notre chemin, en passant devant trois arbres, dont un penché bizarrement.

Après s’être faits des torticolis en penchant la tête afin de voir cet arbre un peu plus droit, nous avons poursuivi jusqu’au lac, où nous avons posé nos affaires pour pique-niquer. Et vous savez quoi ? Nous avons déjeuné en face d’une œuvre d’art ! Un canapé qui flottait sur l’eau, incroyable non ?

Le bon coin – Pauline Bastard

Un canapé arrimé à un radeau en bidon flotte sur l’étang. On imagine qu’il offre un point de vue privilégié. Collage littéral, renservement dedans dehors, il évoque un rapport spontané à la nature, un système D champêtre qui invite à la contemplation en même temps qu’il intervient de façon incongrue dans le paysage.

Pour l’anecdote, ce canapé a été trouvé sur le célèbre site LeBonCoin.fr, d’où le nom de cette œuvre d’ailleurs.

Pique-nique au milieu des œuvres de Chamarande

Aller, assez d’œuvres pour ce matin, place aux victuailles ! Enfin… au pique-nique 😀

Des tables de pique-nique sont dispersées un peu partout sur le domaine mais nous choisissons de manger parterre, sur une couverte étalée. Un vrai pique-nique quoi ! Pour ceux qui veulent se relaxer un peu, il y a aussi des hamacs, qui sont en fait des tables retournées auxquelles des filets ont été ajoutés.

Tout en mangeant, nous nous amusons à observer les nuages et les alentours. C’est là que je remarque des personnes jouer au volet, accrochez-vous bien, sur une œuvre d’art ! En effet, ces personnes jouaient au volet avec une nature morte en guise de filet. Normalement, une question se pose à ce moment de la lecture de l’article. Comment peut-on bien jouer au volet avec une nature morte ??? Et bien c’est simple, regardez de par vous-même la nature de cette nature morte.

Assez mangé, on repart se promener dans le domaine. Direction le petit chemin qui longe le lac. Et là, nous tombons nez à nez avec un animal assez étrange. Un hybride entre une truie et un nénuphar. Mais pas d’inquiétude, c’est une statue ^^

Truie/Nénuphar – Anne Ferrer

En 2001, Anne Ferrer proposait pour le canal une sculpture dont l’essence première était la mutation, la transformation, le croisement entre deux espèces : la truie et le nénuphar. Cette fleur hybride mi-animale, mi-végétale décrivait alors les caractéristiques propres aux deux genres : la couleur rose du cochon et la forme d’une fleur posée sur l’eau. Au fil des années l’œuvre installée dans ce milieu si particulier a évolué. Laissant la nature accomplir ses outrages. En 2005, le temps de la restauration venu, il a été décidé avec l’artiste de donner à la truie/nénuphar une autre esthétique. Digne d’un garage automobile où le chrome le dispute désormais au rose passé d’antan.

Après l’aperçu de l’étrange animal, nous croisons finalement de vrais animaux. Des ânes et des espèces de boucs, je ne me rappelle plus de quelle race il s’agit. Si quelqu’un le sait, qu’il n’hésite pas à le notifier dans les commentaires 😀

Bientôt arrivés à la fin du chemin, nous remarquons un camion encastré dans un arbre. On dirait que le conducteur a voulu sortir précipitamment du domaine et a fait un écart de conduite, pour finalement finir sa route dans l’arbre. Encore quelque chose de bizarre, pour ne pas changer. Nous nous approchons du camion et vous avez sûrement deviné, c’est aussi une œuvre d’art.

My home is a castle – Alain Declercq

En 2005, l’œuvre d’Alain Leclercq, Jolly Roger, a été vandalisée dans le parc. Invité à réparer « l’irréparable » l’artiste réalise pour Chamarande My home is a castle. »Mon projet est de mettre en scène un camion, au croisement de deux chemins du parc. La lecture de la scène laisserait supposer que le véhicule cherchait à sortir du domaine et, ratant son coup, vient s’écraser contre un arbre. A l’arrière, une trappe entrouverte laisse deviner une cache sous l’habillage de bois. A l’intérieur, des objets précieux et antiques, en vrac, comme en provenance directe du château. On comprend alors qu’il s’agit d’un cambriolage, raté. C’est un trésor de plus livré sur un plateau au visiteur. »


Effectivement, la mise en scène est réussie car instinctivement, c’est à ce scénario que l’on pense. C’est amusant de voir que le simple fait de placer des objets dans un certain lieu et d’une certaine façon peu amener les personnes à s’imaginer une historie prédéfinie.

Fini de jouer à la police et au voleur, nous continuons notre chemin jusqu’à la fin du sentier faisant le tour du lac. A ce niveau de la promenade, il est possible de faire une petite balade gratuite de 20 minutes en barque sur le canal des amoureux. Malheureusement, tout le monde veut faire son tour de barque, aussi bien en amoureux qu’en famille, et donc il y a foule. Le temps d’attente était d’environ 2 heures, nous n’avons pas eu le courage de patienter jusque-là.

Tampis pour la barque, une prochaine fois peut-être. Maintenant, place à la visite du château. A l’entrée déjà, il y a de quoi se régaler les yeux. Située juste devant la grille, une construction en bois insolite attroupe les enfants.

Tortoise – Michel de Broin

Michel de Broin imagine une oeuvre en lien avec la tradition du repas en plein air à Chamarande et l’apparition des tables du parc par ses usagers. Sur le modèle de la « formation de la tortue » inventée par la légion romaine, il construit, à partir des tables de pique-nique, une sorte de machine de guerre où les enfants peuvent se glisser et échapper à leurs parents. La banalité est bousculée par cette stratégie défensive. L’artiste propose un usage alternatif des éléments de mobilier, il les détourne avec des matériaux locaux, et ces choix limitent l’impact environnemental de sa production.Adoptant une attitude critique et ludique vis-à-vis des objets usuels, l’œuvre de Michel de Broin rend visible la conformité et libère les matériaux du formatage imposé ; il questionne leurs usages.

Alors que nous lisons ceci sur l’écriteau, nous remarquons que des enfants s’amusent au sein de la construction. C’est donc vrai, cette structure permet aux petits d’échapper à leurs parents afin de pouvoir jouer en toute liberté ! Une espèce de protection anti-parents constituée de 4 tables de pique-nique.

Aller c’est parti, nous rentrons dans l’allée du château. La grille est très belle, ça commence plutôt bien. On avance un peu, et deux choses nous interpellent. Tout d’abord, une structure horizontale en verre pilée, ressemblant à un jardin comme on peut en voir à Versailles par exemple, et ensuite un grand arbre, imposant.

Jardin – Olivier Kosta-Théfaine

En symbolisant un jardin à la française, cette installation évoque l’apogée d’un art des jardins cherchant à corriger la nature pour lui imposer la symétrie. Réalisé en verre de bouteilles brisées, ce Jardinexprime le triomphe de l’ordre sur le désordre, de la culture sur la nature sauvage ou du réfléchi sur le spontané. L’artiste s’inspire de la ville pour en révéler la nature : vandalisme, chaos et désordre sont canalisés dans une matière organique pour obtenir une œuvre au design épuré et contrôlé.Olivier Kosta-Théfaine joue avec les codes de la culture populaire pour utiliser des langages propres à la ville et à ses banlieues dont il aime changer ou détourner le sens. Aujourd’hui, il tente de décrypter son environnement urbain avec des petits mécanismes simples et ironiques.

Le hêtre pourpre

Sujet remarquable âgé d’environ 150 ans, le hêtre pourpre (Fagus sylvatica purpurea) du Domaine témoigne des modes de plantation en vogue au XIXe siècle. C’est alors l’arbre d’ornement, par excellence, des parcs et jardins ; importé d’Amérique du Nord, à partir du milieu du XIXe siècle, le hêtre pourpre connaît un grand succès dans toutes les capitales du Vieux Continent.C’est le duc de Persigny, ministre de Napoléon III, qui remanie profondément le bâti et le jardin du Domaine de Chamarande. Il fait vraisemblablement appel au compte de Choulot, un paysagiste renommé pour avoir dessiné plus de trois cents parcs et jardins.
Ce dernier transforme le parc en un jardin de « style Anglais » et réalise très certainement la plantation du hêtre pourpre près de la chapelle. C’est un arbre qui est, depuis 1993, suivi avec attention en raison de l’apparition de champignons qui fragilisent son tronc et ses racines.Le « hêtre commun » ou « fayard » présente la particularité de posséder un feuillage pourpre avec des reflets changeants au fil des saisons. Les jeunes feuilles printanières sont roses ; elles se teintent avec le temps, sous l’effet du soleil, en passant du pourpre vif au pourpre foncé pour se présente à l’automne sous leurs plus beaux atours.

Visite du château de Chamarande

Entre la promenade autour du château, le pique-nique, le chemin longeant le lac et l’entrée du château, la route aura longue avant que nous entrions à l’intérieur du château ! Mais le moment est enfin arrivé : nous entrons. Dès le départ, on comprend vite que l’on ne pas voir des fauteuils et des commodes Louis XIV dans chaque pièce. Pour tout vous dire, la première chose que l’on voit dans le château est… un distributeur d’œufs. Un peu comme les machines Selecta où l’on peut prendre des friandises comme des M&M’s ou des barres de céréales, sauf que là ce sont des œufs que l’on peut acheter. Le problème, c’est que lorsque l’on choisit un œuf, celui-ci tombe dans le bac où l’on est censé le récupérer, sauf qu’il se casse… Les hostilités sont lancées, l’intérieur du château est là lui aussi pour présenter des œuvres, intérieures cette fois, alors que toute la journée nous avons pu voir des œuvres d’extérieur.

Nous n’avons pas eu l’occasion de prendre énormément de photos à l’intérieur du château, donc je vais simplement décrire rapidement ce que nous avons pu y voir. Tout d’abord, les enfants peuvent se divertir en lisant un parterre de livres. Ensuite, les plus grands peuvent découvrir des curiosités comme :

  • Une vidéo résumant les différents mouvements que l’homme a ajouté à sa gestuelle de base, de part l’arrivée de nouveaux gadgets technologiques tels que l’iPad.
  • Une représentation miniature d’une usine nucléaire.
  • Une maquette de « La vie chère » par Lucie Chaumont, avec notamment des objets cartonnés représentant des aliments de fast food ou des fabrications Made in China.
  • Des centaines d’emballages alimentaires fabriqués en plâtre, résumant sur une année complète les habitudes alimentaires et la quantité incroyable d’emballages utilisés par l’artiste auteur de l’œuvre.

Si ces expositions vous intéressent, je vous incite à visiter le site officiel du domaine, qui vous renseignera d’avantage sur le sujet.

Pour conclure rapidement, parce qu’après un article aussi long je suis un peu fatigué je dois l’avouer, se rendre au domaine de Chamarande pour pour pique-niquer et se balader au soleil est un excellent moyen de passer une bonne après-midi sans débourser un centime. Il y a de quoi se régaler à la fois les yeux et l’esprit.

J’ai essayé de parler de tout ce que j’ai pu voir pendant cette journée, en illustrant mes propos à l’aide des photos prises sur places. Certaines des photos ont été retouchées via Instagram, vous l’aurez sûrement remarqué. J’aime bien les petits filtres que permet de mettre en place cette application. J’ai voulu rester objectif dans ma description des œuvres, tout en donnant mon avis et mon ressenti pour certaines. Quand je dis mon avis, j’inclus aussi celui de ma famille finalement, puisqu’elle était avec moi sur le moment et que mon jugement a donc été influencé. Dans l’ensemble, même si certaines œuvres peuvent parfois paraître un peu ridicules, cela reste tout de même intéressant, d’autant plus que cela permet à l’imagination de se développer.

Si vous souhaitez faire vous aussi un pique-nique à Chamarande, je vous conseille de regarder préalablement la météo. Hé oui, un pique-nique quand il fait beau c’est quand même beaucoup mieux !

Météo à Chamarande (France)
Aujourd'hui
Pluie
Vent : 9.2 km/h
Humidité : 69%
8°C
  • Vendredi Demain 9 °C
  • Samedi   11 °C
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Remarque : Tous les textes encadrés proviennent des écriteaux présents sur place, à côté des œuvres et expositions. Ils permettent de mieux comprendre les pièces exposées.

Une journée pique-nique au domaine de Chamarande, 2.3 out of 5 based on 2 ratings

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Les voyageurs ont laissé 3 avis

Morgan Le

Wow et bien on peut dire que c’est complet. Bravo pour cet article Romain. C’est dommage que tu n’aies pas pu prendre + de photos une fois à l’intérieur du chateau.

En tout cas, ce domaine de l’Essonne a l’air sympathique et les plus philosophes/poètes d’entre nous apprécierons j’en suis sûr.

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Guillaume Le

C’est sûr qu’il n’a pas une tête de chateau comme on les voit dans les films par exemple. Personnellement je trouve qu’on dirait plus une grosse demeure qu’un chateau. Et les jardins n’ont rien à voir non plus avec des jardins de chateau. C’est bizarre en fait, pour moi c’est juste un grand terrain avec une grande maison…

Mais bon, les photos laissent quand meme voir que le coin a l’air sympa.

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Roger Le

Depuis fort longtemps j’emmène des groupes de randonneurs visiter d’abord le parc ouvert à tous en terminant par les expositions dans le château. Bien sûr on me pose beaucoup de questions sur les sculptures: qu’a-t-on voulu dire ». Difficile pour moi. Fort heureusement j’ai eu droit à une visite commentée et si je n’ai pas tout compris, nous trouvons toujours le personnel d’accueil pour ajouter quelques détails.
L’ENSEMBLE A LE MÉRITE D’ÊTRE AGRÉABLE,BIEN GÉRÉ ET QUI MÉRITE LE RESPECT DE LA NATURE.

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